RESOUDRE LA CRISE SANS DEMAGOGIE

Publié le par Mory

Dans le prolongement de nos réflexions précédentes, que doit-on faire ?

En lisant les communiqués issus du G20 de ce week end (le quatrième en 20 mois), je n’ai toujours pas trouvé les 3 axes majeurs qui permettraient d’éviter dérives et crises

 

1/Eviter les risques de déconnexion entre la croissance de l'économie réelle et l'évolution du prix des actifs financiers (conduisant à des mispricing monstrueux à coups d'effets de levier exagérés). L'histoire récente est pleine d'exemples de mispricing sur actifs financiers : actions technologiques en 2000, emprunts d'état US et Euro au printemps 2005 et de nouveau au printemps 2010, spreads de crédit corporate début 2007, immobilier résidentiel US en 2006, bourses d'Europe de l'Est fin 2007, matières premières en 2008 etc....)…. Je rédige ces jours ci un papier justement sur le mispricing permanent des marchés

Cela signifie qu'il faut que les banques centrales aient enfin parmi leurs objectifs le contrôle du prix des actifs financiers (et non pas celui du prix des seuls biens et services). Quand finira-t-on par comprendre une chose aussi simple ?

 

2/ Il faut certes revoir certains modes de rémunération de certains acteurs, mais il faut surtout revoir les exigences de retour sur capitaux propres  qui ont conduit à des prises de risque excessives, à la mise ne place de stratégies à fort levier et à l'émergence d'innovations financières mal maîtrisées. Là encore de ce constat simple, point d’enseignements retirés ? C’est vrai  que l’on imagine mal tel dirigeant se suicider politiquement ou économiquement en déclarant qu’il faut revoir de fonds en comble les fondements de notre système

 

3/Que faire des hedge funds et des salles de marché ?

Rappelons que pour qu'un marché financier existe, il faut en permanence trois types d'individus (cela parait trivial mais on a tendance à l'oublier)

-        Premièrement, il y a les traders, vulgairement appelés spéculateurs qui disposent d'une allocation de fonds propres. En prenant position en permanence et en assurant un market making minimum (j'ai fait cela dans une vie antérieure et je me sentais tout aussi utile qu'aujourd'hui), les traders apportent de la liquidité  au marché : après tout ils sont les vendeurs des investisseurs qui  veulent acheter et acheteurs de ceux qui veulent vendre. La sur médiatisation d'affaires récentes ne doit pas remettre en cause ce type d'activités ; tout au plus les dispositifs de contrôles et les fonds propres alloués doivent être repensés

-        Deuxièmement, il y a les arbitragistes (j'ai aussi  fait cela dans une vie antérieure) qui  jouent un rôle de régulation des prix de marché et  profitent des  anomalies de valorisation de certains actifs (on vend ce qui est surévalué et achète ce qui est sous évalué) Il peut y avoir des limites liées aux modèles d'évaluation et ce type d'intervenants a massivement recours à l'effet de levier pour rentabiliser ces stratégies. Mais globalement, tout comme l'activité de trading, ce type de métier doit survivre

C'est parce-que  il existe des traders et des arbitragistes que troisièmement  les utilisateurs finaux peuvent intervenir sur les marchés financiers : investisseurs qui ont besoin  de couvrir leurs portefeuilles actions et obligataires ; investisseurs qui doivent diversifier leurs allocations d'actifs ; banquiers et gestionnaires ALM qui doivent couvrir leurs gaps de taux et de liquidité ; industriels qui doivent couvrir leur chiffre d'affaires à l'exportation en USD .....Ces utilisateurs transfèrent sur ces « méchants »spéculateurs les risques financiers qu'ils ne peuvent naturellement supporter ...

 

 
Nous avons définitivement changé de monde et de paradigme et  il est temps de réaffirmer la chance historique que nous avons de redéfinir la véritable finance (si les réunions internationales ne le font qui le fera ?)
- celle qui doit permettre de financer l'économie au meilleur coût
- celle qui permet de faire en sorte que les excédents d'épargne soient recyclés de la manière la plus productive
- celle qui permet aux agents économiques de couvrir dans des conditions de liquidité optimales leurs risques financiers ( taux, crédit, change , actions ...)

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