TAXATION DES BANQUES : EVITER LA DEMAGOGIE ET L'ABSURDITE ECONOMIQUE

Publié le par Mory

 

Nous apprenons que la taxe sur les banques devrait rapporter autour de 500 M€ à l'Etat français en 2011, puis 550 M€  en 2012 et 810 M€ en 2013 (source Ministère de l’Economie)

Pour Bercy,  «Le principe est clair : plus une banque prendra de risques, plus elle sera taxée «  Qu’entend-on par prendre des risques?: s’agit-il de pénaliser les banques qui financent les PME ou celles qui , à coup de levier mal maîtrisé , financent des activités de trading anti-économiques (attention il existe des activités de trading socialement et économiquement utiles qu’il serait absurde de  surtaxer tant d’un point de vue fiscal que d’un point de vue consommation de fonds propres). Je suis persuadé que le ministère de l’Economie ne sait même pas ce qu’il entend par prise de risques dans les banques pour la simple et bonne raison que la plupart des  conseillers et fonctionnaires de Bercy n’ont jamais mis les pieds dans une banque ( sauf en tant que clients) et seraient dans l’incapacité d’analyser la structure d’un bilan bancaire ainsi que celle d’un compte de résultat allant du produit net bancaire au résultat net courant en passant par le résultat brut d’exploitation

Il a, dans le même temps, été décidé par nos énarques de Bercy  d’accroître la participation des banques au fond de garantie des dépôts, à hauteur de 90 M€ sur chacun des exercices 2011, 2012 et  2013 (plus intelligent en tout cas que la taxe bancaire afin de gérer les risques d’instabilité systémique)

Au-delà de ces effets d’annonce aussi démagogiques qu’inefficaces , avec les évolutions prudentielles et le passage même très progressif de Bale 2 à Bale 3 (nous sommes en train de rédiger un papier sur ce sujet), il faut s’ attendre à une forte hausse  des émissions d'actions des banques (toutes choses de nature à pénaliser les indices boursiers surpondérés en  valeurs bancaires) et/ou à une réduction de la détention par ces institutions  d' actifs  consommant beaucoup de fonds propres: actions, fonds de private equity, obligations corporate .. ..

Plus vicieux , il faut s’attendre à une prise de risque accrue par les intermédiaires financiers s'ils conservent  la même exigence qu'auparavant de rentabilité des fonds propres (choix systématique des actifs les plus risqués à l'intérieur des classes d'actifs entraînant la même consommation de fonds propres).

 

Les banques vont donc continuer à prendre des risques de plus en plus importants. Pas forcément les bons risques qui permettent de financer l’économie au moindre coût, mais les mauvais risques qui cherchent contre vents et marées à maintenir une rentabilité actionnariale aussi absurde qu’indécente.

Les banques seront donc amenées à renflouer les caisses de l’état dans des proportions significatives et chacun sait qu’il en faudra beaucoup (on ne va pas taxer les riches parce-qu’ il parait qu’ils partiraient, ni les pauvres parce qu’ils n’ont rien, ni les classes moyennes car elles n’en peuvent plus, ni les entreprises qui se délocaliseraient encore plus)

 

Allez un peu d’optimisme, ce n’est pas la mort des banques, juste celle d’un business model bancaire.

J’invite juste l’énarque de Bercy (s’il m’entend)) et le législateur (s’il me comprend) à faire preuve de pragmatisme et d’intelligence : taxer les mauvais risques pris par les banques (et non ceux qui servent à financer l’économie) ; taxer les activités de trading inutiles et non celles qui permettent aux agents économiques de couvrir leurs risques financiers dans des conditions économiques optimales

 

Mory Doré

 

 

Publié dans DIVERS

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Voir Blog(fermaton.over-blog.com)No.20 - THÉORÈME des BULLES. - Conscience et Corrélation ?
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