RETOUR SUR LA TITRISATION
Entre la crise grecque, les atermoiements de l’Union Européenne, la chute de l’Euro, on en aurait presque fini par oublier ce sujet à la mode entre juillet 2007 et mars 2009, la titrisation
Fort décriée depuis les débuts de la crise financière, la titrisation reste une technique indispensable à l'optimisation de la gestion d'un bilan bancaire. La titrisation consiste à transformer des créances commerciales de toutes sortes (crédits PME, crédits hypothécaires, crédits collectivités locales, credit cards , leasing automobile ou aéronautique...) en produits financiers négociés sur les marchés et souscrits par des investisseurs. Ceci vient alléger le bilan des banques
Décryptage
AVANTAGES POUR LE SYSTEME BANCAIRE
- C’est un transfert de risques
- Donc cela permet d’améliorer les ratios de solvabilité
- Et d’obtenir de la liquidité
- Tout en se réorientant vers des activités mieux rémunérées par des commissions, réputées moins risquées et plus stables
- Le risque est ainsi mieux réparti vers des OPCVM, des fonds de pensions, sociétés d’assurances, hedge funds, autres banques
INCONVENIENTS POUR LE SYSTEME ECONOMIQUE
- Mais les supports de titrisation trop complexes sont peu liquides et donc difficiles à valoriser => modèles (manquent de robustesse)
- La banque est moins regardante sur le risque crédit à l’origine puisqu’elle le cèdera
- Il est très difficile, pour les régulateurs, de suivre le transfert de risque et de connaître l’identité des détenteurs ultimes
- Les banques remplacent du risque de crédit par du risque de contrepartie plus incertain et leur exposition réelle n’est pas nécessairement bien connue (c’est ce qui a rendu la crise actuelle particulièrement complexe à appréhender)
- Le découplage entre l’originateur du crédit et le porteur final du risque réduit l’incitation à l’évaluation et au suivi des risques.
Enseignement 1 : impossible de dire si les avantages l'emportent sur les inconvénients; le plus important est de titriser des créances, donc des revenus futurs, de qualité
Enseignement 2 : Y-a-t-il un lien possible entre la crise des souverains et les gigantesques encours de produits financiers issus de titrisations ? Très indirectement oui selon le schéma suivant : la crise des dettes publiques fragilise certains bilans bancaires et accroît la méfiance vis-à-vis du système bancaire ; ce qui peut entraîner une paralysie du marché interbancaire et des difficultés à refinancer certains actifs financiers (au rang desquels les titrisations les moins bien notées et donc souvent les moins liquides)
Mory Doré